Le manifeste des 343 salopes (French Edition) [Kindle-editie] beoordelingen het boek quotes

Le document est un manifeste au titre volontairement provocateur, Le manifeste des 343 salopes, de façon à réveiller l’opinion publique sur le problème tabou de l’avortement. L’expression « 343 salopes » est celle du caricaturiste Cabu de Charlie Hebdo. Le journaliste Jean Moreau fédère autour de lui l’écrivain Christiane Rochefort et la comédienne Christiane Dancourt et c’est Simone de Beauvoir, figure de proue du féminisme français depuis la parution de son livre Le deuxième sexe en 1949, qui rédige le manifeste. Pour Simone de Beauvoir, « la femelle est plus que le mâle en proie à l’espèce […] dans la maternité, la femme demeurait rivée à son corps, comme l’animal »1. Il est donc essentiel que les femmes retrouvent la possession de leur corps et contrôlent leur fécondité pour transcender l’immanence. Ces femmes célèbres récoltent 343 signatures parmi lesquelles celle de Marguerite Duras, Gisèle Halimi, Jeanne Moreau ou Françoise Sagan sans compter les nombreuses maîtresses de Sartre... Le Monde et France Soir refusent de publier le manifeste et c’est finalement Le Nouvel Observateur qui le publie le 5 avril 1971. L’hebdomadaire a une ligne rédactionnelle de centre gauche dont le succès (le magazine tire à 400 000 exemplaires en moyenne en 1971) tient à sa capacité à saisir l’esprit du temps. À ce titre, il est représentatif de l’évolution des mœurs et révèle au grand public les nombreux courants socioculturels post-68. Depuis la Libération et le droit de vote accordé aux femmes, la question de leur place dans la société est posée. La libération des mœurs dans les années 1960 et surtout depuis 1968 a encouragé les Françaises à réclamer plus de droits et en particulier celui de disposer librement de leur corps. À l’été 1970, des sondages révèlent que deux tiers des femmes sont favorables à l’avortement et, à l’automne de la même année, l’opinion publique se divise autour du projet de loi Peyret qui proposait de légaliser l’avortement dans les cas de viol et d’inceste. Militants féministes et ceux de l’association Laisser vivre s’opposent violemment. C’est dans ce contexte tendu que paraît le manifeste.